Il est des instants...

Il est des instants de béatitude.

On me demande parfois ce qui me plaît dans le B/D/S/M et j'ai bien souvent du mal à y répondre. Les images qui s'imposent à moi, et dont j'ai conscience avec précision, son difficiles à caractériser, à traduire par des mots, tant elles sont contradictoires. Je vous livre les mots de Jeanne de Berg qui résonnent en moi si justement :

« Simulacres cérémonieux, sacralisation provisoires, c'est l'ordonnancé, le théâtral qui m'intéresse, assez loin d'un érotisme plus « choc » (mais tout aussi convenu), celui du macadam, de la jungle des villes, de la stridence syncopée des néons, des crissements de pneus sur l'asphalte mouillé, des hurlements de sirènes, celui où les beaux mecs à la bite dure se branlent en léchant les jeans, trempés de pisse, de jeunes motards aux yeux clairs, plaqués, jambes écartées, dans les anfractuosités puantes du métro aérien, du côté de Barbès ou ailleurs, à la lumière diffuse des réverbères blafards, dans la nuit poisseuse et le vacame ferraillant des rames qui passent interminablement au-dessus de leur tête...

Ce n'est cependant qu'un exemple, car le « sordide », dans sa nudité brute, je le pratique aussi parfois et il me fascine tout autant. Mais mon propos ici est autre : ce serait, pour tout dire, l'ornementé ».

Jeanne de Berg, « Réflexion 2 », Cérémonie de Femmes, Paris, Grasset, 1985, p. 94.

Et pour le sentiment plein et entier de satisfaction après une séance de domination réussi, voici ce qu'elle écrit :

« la coïncidence juste entre ce que j'avais prémédité et ce qui vient de s'accomplir me donne, quant à moi, un sentiment euphorisant de plénitude ».

Jeanne de Berg, « La Seine », Cérémonie de Femmes, Paris, Grasset, 1985, p. 108.

C'est cela, oui.

Comme me disait récemment une amie dominatrice : « nous sommes des chefs d'orchestre, des metteurs en scène, des costumières et des maîtres de ballet ».

Lorsque la pièce est réussie et que le public s'en va satisfait, rien n'est plus satisfaisant pour nous.